LESCAY, Albertico
(Santiago de Cuba 1978)
Les grands parents de Albertico étaient campesinos et musiciens amateurs du type de ceux qui dans les campagnes jouaient entre amis après les travaux agricoles et trouvaient toujours prétexte pour une fête. Ils émigrent à la ville emportant leurs traditions rurales et continuent d’organiser des fêtes avec ou sans motif. Et la famille se met à toucher à tous ces instruments de manière intuitive. Juan le grand-père joue du tres, la grand-mère Esmérida chante et joue des maracas. Juan donne même un nom à son groupe, le « CONJUNTO MARTÉN ». Ils animent les fêtes familiales et amicales au son de guarachas, sones, changüis… |
L’enfance de Albertico et de Arnaldo, son frère, baigne donc dans une ambiance musicale très ancrée dans la musique populaire de l’Oriente cubain. En outre son père Alberto, artiste plasticien, amateurs de tous les arts et sa mère, médecin, écoutent beaucoup de musiques, cubaine, classique, internationale et du jazz. Alberto LESCAY fait prendre goût à ses enfants aux arts plastiques mais ce sont finalement vers la musique qu'ils se dirigent tout en trouvant leur inspiration dans les arts visuels. |
Albertico LESCAY commence donc en 1989 des études musicales à la Escuela Vocacional à Santiago de Cuba. Il est trop âgé pour le piano lui dit-on mais peut étudier la trompette. C’est donc vers cet instrument qu’il se tourne tout en apprenant et travaillant le piano par ailleurs. Deux ans plus tard il commence à s’intéresser sérieusement au jazz, se basant sur ce qu’il a écouté à la maison. A cette époque il travaille aussi la composition et découvre qu’il peut composer instantanément ce qui développe son goût pour l’improvisation. |
Il termine l’E.N.A en 1999 et décide de rester à La Havane et entre à l’Institut Supérieur d’Art pour suivre les cours de musique contemporaine et pour rester dans une ambiance plus favorable au jazz et à cette musique contemporaine qu’à Santiago. A l’E.N.A comme à l’I.S.A. il côtoie d’autres étudiants passionnés de jazz. Les bâtiments résonnent de descargas auxquelles il se joint apprenant avec des condisciples comme Román FILIÚ, saxophone ; Alexander BROWN, « El Indio », trompettes ; Tony PÉREZ, Roberto FONSECA, piano ; Alain PÉREZ… |
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En fin d’année il parcourt avec ses amis tous les lieux où se dressent les scènes du Festival Jazz Plaza et écoute les jazzmen qui apparaissent à la Uneac, à la Casa de las Américas ou à la peña de l’Union des Journalistes où il joue même avec des amis de l’E.N.A. lors de jam’s. Il y fait la connaissance du trompettiste Yasek MANZANO qu’il retrouve aussi pour descargar. Albertico Lescay avec son frère Arnaldo lors d'une des premières prestations à La Zorra y El Cuervo en 1999.
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Albertico fait la connaissance du couple Omar ROJAS et Mayú BERNAL dont les préoccupations sur l’art et la musique font suite à celle qu’il a connu avec son père. Il entre dans le projet « CREACIÓN » avec eux.
Albertico, à droite, avec le groupe Creación en 2006. |
Il côtoit tous les types de musiques et de musiciens, participe pendant dix ans à de nombreux festivals dont la Muestra de Jovenes Realizadores, le Festival de Cine Pobre, le Festival de Música Urbana… effectue des tournées nationales, joue dans des communautés isolées des campagnes, donne des cours de musique dans les villages, participe à la réinsertion de jeunes marginaux… Evidemment il s’éloigne du jazz bien qu’il parvienne à jouer ponctuellement à La Zorra y El Cuervo ou au Jazz Café. |
En 2013 LESCAY prend la décision de créer une nouvelle mouture de « FORMAS » et rentre à Santiago de Cuba. Il y rassemble des jeunes sortis du conservatoire Estebán Salas, Ángel TOIRAC, piano ; Vilma RAMIRÉZ, piano et voix ; Alain LEÓN, basse électrique; Orlando FUENTES, puis Karel FINDELÁN, batterie; Wilfredo FUENTES puis William HECHEVARRÍA qui alterne avec Frank IZAGUIRRE aux percussions et joue lui-même de la trompette. En avril « Albertico LESCAY & FORMAS » se présente à l’Iris Jazz Club lors de l’hommage au groupe Antillano qui dans les années 70 regroupait des figures comme le peintre Wifredo Lam, le musicien Leo BROWER… « FORMAS » inaugure également un nouvel espace, le Bello Bar de l’hôtel Meliá et participe cette même année au Festival del Caribe. Vilma devient rapidement la pianiste du groupe qui est convié à l’événement né l’année précédente Amigos del Jazz avec Bobby CARCASSÉS et le trompettiste Yasek MANZANO. En 2013 le groupe se déplace à Mexico pour une performance lors de l’inauguration de l’exposition Vida de Muertos et à Queretaro pour la présentation du piano Chucho Valdés de la marque japonaise Seibu. |
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Albertico Lescay & Formas, Sala Dolores, Santiago de Cuba, février 2013. |
A Santiago Albertico retrouve ses racines, reprend le contact avec la musique traditionnelle, retourne visiter les cabildos et leurs traditions afro-cubaines. Il peut composer de nouveaux thèmes s’inspirant de ce retour aux sources. « Invasión » s’inspire du moment le plus intense du défilé de la conga santiaguera. « Escape hacía la luz » s’appuie sur un rythme des tambours batá des Yoruba et de figures rythmiques du Vodou et d’autres de la Tumba francesa, tout comme « Voces tristes » qui en outre fait appel à des procédés électroniques et « Madre » pour la voix de Vilma sa chanteuse de Santiago. Tout se mêle à des improvisations jazzistiques de façon à mettre en relation le passé et le futur, constante de la musique de LESCAY. Il fait aussi des arrangements pour les thèmes "Infant Eyes" de Wayne Shorter, "Mariposa de Primavera" de MATAMOROS, " ¿Y tú que haz hecho?" de Eusebio DELFÍN... Le retour au bercail rapproche Albertico de son père et tous deux se mettent à travailler ensemble, l’un jouant de la trompette ou du piano et l’autre peignant ou sculptant. Ces collaborations débouchent sur plusieurs performances. Le quinteto se maintient durant toute la présence de Albertico à Santiago. Will laisse sa place à Frank IZAGUIRRE. |
Durant cette période qui se prolonge jusqu’au début de 2015 il participe avec sa formation au II° Encuentros de Amigos de Jazz, au Romerías de Mayo 2014, au Festival del Caribe en 2014 et en 2015, se présente avec régularité à l’Iris Jazz Club et au Bello Bar de l’hôtel Meliá Santiago. En 2014 « FORMAS » collabore aussi avec « SOMOS » et à un projet Hip Hop à Santiago. |
Albertico voyage à Paris pour une résidence pendant deux mois dans le cadre de Numeri Jazz, partageant un projet électronique avec l’artiste français Cyril Hernández. Une visite de son frère Arnaldo leur permet de composer « Jugando » que Albertico va inclure au répertoire du groupe. En France avec Cyril, Arnaldo et Mary.
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Albertico Lescay & Formas lors de la préparaton des Romerias de Holguin. 2014. |
A son retour le trompettiste ne retrouve plus ses partenaires émigrés à la capitale ou à l’étranger. Il est pourtant invité à participer au Festival Jazz Plaza. Albertico LESCAY se rend à La Havane et cherche de nouveaux musiciens. Hector QUINTANA, guitare ; Aryam VARONA, basse ; Humberto QUIJANO, drum ; Degnis BOFILL et IZAGUIRRE, percussions le suivent pour le Festival durant lequel « Albertico LESCAY & FORMAS » peut jouer dans plusieurs lieux, La Zorra y El Cuervo, Café Miramar, Jazz Café, Sala Bertold Brecht, Fábrica de Arte Cubano et au Pabellón Cuba avec la participation de « SOMOS ».
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Albertico avec Somos. Jazz Plaza. à Seoul. 2015 |
De nouveau à La Havane Albertico doit réorganiser « FORMAS ». Il s’entoure de musiciens résidents dans la capitale : le pianiste Andy GARCÍA, le guitariste Adrián PUCHEUX, le bassiste José Ernesto HERMIDA. Degnis BOFILL tient les percussions et Alain Ladrón de GUEVARA ou Julio César GISPERT alternent à la batterie. Mais le groupe varie énormément selon la musique au programme. LESCAY parfois se présente seul avec sa trompette, son clavier et un programmateur. Il peut aussi jouer en duo, trio et jusqu’au sexteto. On voit passer au cours des deux années suivantes, aux côtés du trompettiste, Hector QUINTANA, Adrián PUCHEUX, guitare électrique ; Humberto QUIJANO, Julio César GISPERT, drum ; Reyner PÉREZ, Ayram VARONA, basse ; Andy GARCíA, René RODRÍGUEZ, Alain TOIRAC, piano … De nombreux musiciens sont souvent invités comme la chanteuse Zule GUERRA, les saxophonistes Victor BENÍTEZ, Michel HERRERA, César FILIÚ… Albertico fait également évoluer son répertoire avec des compositions personnelles ou des arrangements « Voces Tristes », « Controversia » écrit pour la trompette et un saxophone alto. Il reprend et arrange « Errante », un vieux thème des années 20. |
« FORMAS » dès 2015 est à l’affiche des clubs habaneros ; La Zorra y El Cuervo, Jazz Café, Fábrica de Arte Cubano, Melén Club, Corner Café. En février Albertico se présente avec Zule GUERRA au Magic Flûte mais on entend aussi le groupe en concert au Teatro Raquel Revuelta, au Pabellón Cuba, à la Casa de la Poesía… Cette même année il joue aussi lors de la XIII° Bienal de La Havane, notamment accompagnant l’inauguration de l’exposition de son père. A la suite il part avec « FORMAS » à Séoul pour représenter Cuba lors du I° Festival de la Culture et des Arts de Cuba. Il est accompagné par Denis BOFILL, percussions, Leidy Laura VALDÉS, laud ; qui avec son instrument veut jouer jazz.
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Formas à Seoul. 2015 |
Pour la fin de l’année son cuarteto est sur les scènes du Festival Jazz Plaza à la Sala Raquel Revueltas, à La Pergola, au Café Miramar et à La Zorra y El Cuervo. Degnis, Julio César, sont ses partenaires ainsi que René RODRÍGUEZ au piano.
Formas à La Pergola. Jazz Plaza 2015. |
En 2016 le trompettiste travaille principalement avec deux cuartetos. Pour les deux il fait appel à BOFILL pour les percussions mais s’entoure de Alain LADRÓN de GUEVARA, drum et Andy GARCÍA, piano pour l’un et PUCHEUX, guitare et GISPERT, drum, pour l’autre. Quant à lui, comme à son habitude il alterne trompette, claviers et programmation. On peut l’écouter durant l’année plusieurs fois au Café Miramar, au Jazz Café, à La Zorra y El Cuervo ainsi qu’à la Fábrica de Arte Cubano où il présente des éléments de son futur disque dont la préparation occupe largement son temps bien qu’il ait l’opportunité de retourner au Mexique avec son père pour la Feria Internacional del Libro. Sur place il est invité para la chanteuse Cubano-Mexicaine Magda MACLE. Il peut aussi y interpréter ses propres thèmes avec les musiciens de Magda. C’est dans sa ville de Santiago de Cuba qu’il conduit « FORMAS » à participer au Festival Jazz Plaza avec GISPERT, Ángel TOIRAC, piano; Irán « El Menor » FARÍAS, percussions et il y invite Zule GUERRA. |
Dès le début de 2017 Albertico LESCAY commence l’enregistrement de son projet discographique qui prend pour nom « Formas ». La plupart des musiciens avec qui il a collaboré depuis son retour à La Havane sont présents ainsi que quelques invités tels que le saxophoniste César LÓPEZ, le rappeur « El Individuo », Miguel NUÑEZ, piano.
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Sans sa formation il part un mois aux Etats-Unis pour jouer dans quatre villes mais profite du séjour pour retrouver son ami de Santiago David VIRELLES et à travers lui participer à plusieurs jam’s sessions au Village Vanguard, Zinc Bar, Fat Cat…
Charleston, U.S.A. 2017. |
Lors de l'été Albertico LESCAY donne plusieurs concerts pour le lancement de son disque 'Escape" enregistré l'année prcédente au Museo de Bellas Artes à La Havane où il invite Zule et à deux reprises à Santiago de Cuba au Teatro Martí puis à l'Iris Club. Le disque remporte le Prix Cubadisco dans la catégorie Opera Prima. De nouveau on peut écouter "FORMAS" à la Fábrica de Arte Cubano en juillet et en décembre. |
Au mois de septembre il participe à l'événement Primera Línea à la Casa de la Música de Plaza puis se rend à Santiago pour le Gala du 65 anniversaire du 26 Juillet. |
©
Patrick Dalmace/2017
Discographie sélectionnée: * |
Albertico Lescay est un habitué du Club de Jazz |
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